Ils sont partout ! Dans les supermarchés ou mini markets, dans les boutiques de quartiers ou les boulangeries… Bref partout où l’on peut trouver de la marchandise en détail. « Ils », c’est les sachets plastiques. Ils se retrouvent par centaines de millions dans la nature. Ils sont responsables de pollutions considérables et de la destruction de la biodiversité.
Leur production consomme des produits pétroliers, de l’eau, de l’énergie, et émet des gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique. La fin de vie des sacs plastiques est particulièrement nocive pour l’environnement : il apparaît que leur recyclage n’est pas rentable d’un point de vue écologique et économique.
Sur le continent africain, ces sachets sont recyclés. Par exemple au Ghana (pays de l’Afrique de l’Ouest), ils sont transformés en pavés. C’est aussi le cas en Gambie, pays enclavé dans le Sénégal. En Gambie, Isatou Ceesay, à travers Women’s Initiative-The Gambia (WIG), les sachets jetés dans la nature sont recyclés pour en fabriquer des briquettes combustibles. Au Mali, ils sont transformés en de grandes bassines plastiques utilisables par les ménages. Ailleurs sur le continent, ils sont transformés en sacs de marché, en poupées ou autres objets de décoration. Malgré ces initiatives, les sachets plastiques ne restent pas moins un danger pour l’environnement. Même si ces actions sont louables, elles manquent de subvention de la part des Etats, ce qui ne joue pas en faveur de notre environnement.
Selon l’organisme Éco-emballage, les sacs plastiques seraient trop légers pour être recyclés, et leur recyclage consommerait plus de ressources qu’il n’en restituerait. 80 % des sacs plastiques ne sont ni triés ni recyclés.
Que ce soit les sacs ou les sachets plastiques, l’impact reste considérable. Ils tuent des milliers d’animaux marins chaque année. Ils étouffent et étranglent de nombreuses espèces, comme les tortues, les dauphins, les thons, qui les ingèrent, les confondant avec des proies. Ils causent de dommages à notre environnement et à la santé publique.
L’impact sur l’environnement
Composé de polymères, une macromolécule constituée de longues chaînes carbonées, le plastique est fabriqué essentiellement à partir du pétrole raffiné à partir duquel est extrait le naphta. Ce dernier est transformé en plastique dans une usine pétrochimique. Tout le processus de fabrication est hautement toxique pour l’environnement. Ce gaz affecte les écosystèmes en acidifiant l’air, les sols et les cours d’eau. Il contribue à l’augmentation des principaux gaz à effet de serre comme le méthane.
75 % des plastiques sont destinés à devenir, dès leur conception, des déchets après quelques secondes d’utilisation. Ils mettent environ 1 à 4 siècles pour se dégrader. Il n’est pas surprenant qu’ils se retrouvent dans les rivières puis dans les océans.
Certains de ces plastiques errent dans la nature et causent des dommages directs. Les animaux les ingèrent et s’étouffent. L’autre problème vient des microplastiques. Ils proviennent des fibres polyester des vêtements, arrachés par les machines à laver, ou de la dégradation des emballages. Ils s’accumulent dans le tissu graisseux des animaux. Des microplastiques ont été retrouvés dans toutes les rivières. Certes, à des taux de concentration différents, mais partout : en zones urbaine et agricole.
Brulés, les sachets plastiques dégagent une fumée qui est un réel danger pour la couche d’ozone.
Le grand prédateur qu’est l’homme parvient à détruire son environnement avant de s’empoisonner lui-même.
L’impact sur la biodiversité
Les poissons que nous mangeons ont l’estomac maculé de polluants. Les plastiques sont la deuxième plus grande source de débris dans l’océan. Ils vont d’abord polluer les écosystèmes côtiers, tels que les mangroves, les herbiers sous-marins et les récifs coralliens. Ils sont ensuite emportés par les courants pour rejoindre le large. À chaque étape, l’impact sur l’environnement marin est désastreux, engendrant des problèmes multiples en fonction également du stade de fragmentation du plastique.
Les sacs plastiques éventrés, les bouteilles en PET (Polyéthylène Téréphtalate : composant des bouteilles d’eau minérale en plastique) recouvertes de coquillages, des fibres de textile polyester, des poussières de pneus et des bouchons se mélangent aux galets des plages.
Une quantité impressionnante de débris plastiques se fragmentent sous l’effet du vent, des UV, des vagues et de la chaleur. Cela a un impact sur la biodiversité.
Les polluants et bactéries s’accrochent aux microplastiques. Pouvant être ingérés par le zooplancton, ils sont retrouvés des organismes marins. Une étude récente a, pour la première fois, mis en évidence la présence de microplastiques dans le sang humain.
Plus de 800 espèces animales sont impactées par les macroplastiques. 100 000 tortues et mammifères marins en meurent chaque année. Chez les oiseaux marins, c’est encore pire : on estime à plus d’un million le nombre d’oiseaux morts par overdose de plastique chaque année.
Ces chiffres, malheureusement, sont probablement largement sous-estimés : la nature étouffe sous nos détritus.
Selon les scientifiques, il y a 5 milliards de tonnes de déchets plastiques dans l’environnement. La nature souffre de notre dépendance aux plastiques.
Tous les déchets mentionnés ci-dessus, visibles à l’œil nu, ne représentent que 1% de la pollution mondiale. Une fois dans l’océan, certains déchets flottent et d’autre coulent. Les débris flottants se fragmentent en plus petits morceaux avant de couler à leur tour. La grande majorité de la pollution est donc invisible, ayant disparu dans les profondeurs de l’océan ou trop petite pour être remarquée. Ce que nous avons jeté au gré du vent et de notre bêtise se retrouve au bout de nos fourchettes.
La Santé Publique
Les plastiques contaminent la chaîne alimentaire. Les poissons ingèrent les fines particules issues de leur longue décomposition. C’est le cas aussi de certains animaux domestiques comme le bœuf, le porc, la poule…
Des chercheurs détectent également des microplastiques dans du sang humain.
Une étude menée au Pays-Bas sur un petit échantillon de donneurs a conclu à la présence de microplastiques dans le sang de la majorité d’entre eux. Bien qu’ils aient été détectés en faibles quantités, la présence de ces microplastiques pose question.
Les auteurs de cette étude, publiée jeudi 24 mars 2022 dans Environment International, ont analysé des échantillons sanguins de 22 donneurs anonymes, tous des volontaires en bonne santé, et découvert des microplastiques chez 17 d’entre eux.
Ce plastique est probablement issu des bouteilles ou de fibres en polyester.
La santé humaine est donc impactée par toute cette pollution. Cela concerne le système immunitaire et le système respiratoire, ainsi que des perturbations endocriniennes, baisse de la fertilité, hausse des risques de cancers… Ces effets existent à chaque étape du cycle de vie du plastique et démultiplient les conséquences sur la santé.
« Le plastique est une crise sanitaire globale ignorée bien que sous nos yeux », nous avertit David Azoulay, directeur du programme santé et environnement du Ciel. « Une étude a trouvé des microplastiques dans les selles de sujets habitant dans des régions du monde variées et aux régimes alimentaires totalement différents. On voit aussi des bébés naître déjà contaminés par certaines substances associées au plastique. »
Et cela ne risque pas de s’arrêter ! En effet, la production mondiale de plastique a explosé depuis 1950, de 2 millions de tonnes à 380 millions de tonnes en 2015. Les deux tiers du plastique déjà produit ont été relâchés dans l’environnement… et y restent.
Les consommateurs ont un grand rôle à jouer concernant l’utilisation de sacs plastiques. Ils doivent adopter une consommation responsable en refusant les sacs plastiques, et en amenant systématiquement d’autres sacs pour faire leurs courses.
Les sachets plastiques sont souvent accumulés sur des poubelles anarchiques. Ces sachets brûlent parfois en zone habitées. Leur fumée, hautement toxique, est cancérigène.
Que faire pour que les plastiques ne nous emportent pas ?
C’est aussi le cas de certaines sociétés comme BioApply. En parallèle des sacs en papier et en herbes recyclées qu’elle propose, elle a développé un process qui permet de réduire en copeaux les restes de bois provenant de l’élagage de forêts.
La même société propose aussi des solutions de fabrication à partir de biopolymères. Des sacs à base d’amidon (de maïs, de pomme de terre ou de chardon), essentiellement. Ces sacs présentent l’avantage d’être compostables.
Dans la même optique, les sacs en chanvre constituent une solution intéressante. En effet, cette plante se cultive très bien du fait de faibles besoins en eau et en pesticides. D’autre part, le chanvre n’intéresse pas les ravageurs. Le plus grand avantage, c’est que le chanvre pousse vite (bien plus vite que les arbres) et qu’il stocke du carbone.
Ces quelques pistes d’alternatives permettent de préserver notre environnement, la biodiversité et surtout notre santé.
Sources :
https://www.ouest-france.fr/environnement/ecologie
http://www.vedura.fr/environnement/pollution-sac-plastique
https://www.energy-observer.org/fr/ressources/pollution-plastique
https://www.zerowastefrance.org/alerte-effets-nocifs-plastique-sante
https://www.futura-science.com/sciences/definitions/chimie-cellulose
En lien avec votre article, plasticienne, j’ai réalisé une série sur la pollution des océans conçue à partir de photographies de particules de plastiques trouvées sur des plages aux quatre coins du monde !
https://1011-art.blogspot.com/p/ordre-du-monde.html
Mais aussi réalisée pour le Muséum d’histoire naturelle de Grenoble « Anthropocène » : https://1011-art.blogspot.com/p/planche-encyclopedie.html